Endormies sur une mer aux reflets flamboyants, les pirogues des pêcheurs trouvent repos sur le lagon après une longue journée de labeur dans des eaux tantôt calmes, tantôt tumultueuses. Devenues caractéristiques du paysage du lagon mauricien, ces embarcations font partie du décor, elles contribuent à la chaleureuse et réconfortante atmosphère d’un coucher de soleil. Lorsque nos yeux, palpitants d’excitation devant ce spectacle qui commence se posent sur l’horizon, ils s’arrêtent inévitablement sur ces objets flottants.
Les pirogues des pêcheurs, longues de sept à dix mètres, sont fabriquées en bois ou en fibre de verre. Lors des sessions de pêche à la senne, une douzaine d’hommes peuvent se tenir à bord. Elles sont équipées d’un ou de deux moteurs de 15 CV, pour les plus puissantes, fixés à l’arrière du bateau. Pour dégager le bateau dans une hauteur d’eau où il est possible d’utiliser le moteur, les pêcheurs se servent d’une gale, un long bâton de bois qui aide à manœuvrer en s’appuyant sur le fond sableux.

L’acquisition d’un bateau est coûteuse, tout comme son entretien. L’hiver, les pêcheurs en profitent pour redonner un coup de neuf à leur embarcation : peinture ou petits travaux, il faut se préparer pour l’été. La pêche aux thons est la plus rémunératrice et la plus attendue lorsque le mois de décembre approche.
La pirogue est un objet particulier dans la vie d’un pêcheur. Souvent, ils la personnifient en lui attribuant un nom, elle devient la plus fidèle alliée lors des sorties en mer. C’est elle qui voyagera de jour comme de nuit, qui affrontera une mer aussi bien calme qu’agitée, et qui devra résister aux intempéries ainsi qu’au soleil de midi.
“Le bateau est un espace de vie protecteur et infaillible contre une nature hostile et imprévisible. Il est si important qu’on lui prête des caractères anthropomorphiques en le baptisant.” Rudy Amand (2011)

